Mystères et bonnes surprises (à venir)

False Creek-Photo : Nathalie Astruc
False Creek-Photo : Nathalie Astruc

Le soleil dans la voix

 

Le soleil est parfois dans la voix des gens. Cette chaleur enveloppante se retrouve dans les ondes. Je m’entretenais avec Vaughn David pour mon prochain article dans La Source, un sculpteur sur bois très intéressant et c’était un plaisir sans nom d’entendre cet artiste parler de son amour du bois, des couleurs, de ces êtres qu’il transforme en oeuvres d’art.

 

Cet artiste local est métis (au sens canadien du terme). Son travail et la personne qu’il est m’impressionnent. C’est un magicien, un véritable être humain, l’illustration que l’être humain n’est pas opposé à la nature comme on peut finir par le croire certains jours, que nous sommes tous des enfants de la nature et que nous devrions accepter cette condition au lieu de courir après les lumières des néons, le ronronnement des usines, les vapeurs des drogues, les gloires d’un jour. Cet homme sait regarder le bois. On oublie le sens de ce mot : regarder. On voit tous des choses mais on ne prend pas le temps ni ne faisons l’effort de regarder, d’écouter les milles histoires qui se jouent autour de nous.

 

J’ai la voix de certaines personnes toujours en mémoire. L’une d’elles est décédée mais sa voix vit toujours dans mon oreille. Elle est grave et me fait penser, justement, à un bois précieux. Mais elle m’évoque aussi, pour une raison que j’ignore, tout un univers : le bois de santal, un coucher de soleil, la couleur ocre et des orangés foncé.

 

En tant que fille de radio, je suis forcément sensible aux voix. Parfois, j’ai des surprises quand je réécoute des sons. Ça me rend souvent nostalgique.

 

Le parcours migratoire

 

J’étais très stressée par la recherche d’emploi, qui était directement liée à mon statut ici au Canada. SI je ne trouvais pas d’emploi, je pensais que je ne pourrais pas rester dans le pays, ce qui est vrai en théorie. 

 

J’ai été contactée plusieurs fois, on trouvait mon profil intéressant mais dès qu’on abordait la question de mon statut (Mobilité Francophone, permis de travail fermé), toutes les portes se ferment. J’ai exploré d’autres possibilités avec un consultant en immigration et je suis beaucoup plus détendue par rapport à la situation. Cependant, le Covid a ralenti tous les traitements de dossier et il va falloir être très patient.

 

Je suis à nouveau en train de remplir des formulaires d’immigration. Pour certaines informations, je me réfère à ceux que j’avais rempli en Australie, non sans un arrière-goût amer. Je me remémore ces moments, toute cette énergie, tout ce temps (une année entière de planification, deux ans d’études et de travail en même temps à la trentaine) et j’espère ne pas connaître la même issue malheureuse. C’est comme si j’ouvrais à nouveau une cicatrice. En Australie, il y avait la nouveauté du processus. Maintenant, il y a la crainte de retomber dans la même situation.

 

Il faut retrouver les adresses et nommer les emplois sur les dix dernières années. Tout va bien si on ne bouge pas beaucoup mais dans mon cas, c’est parfois de l’ordre du casse-tête. L’avantage, c’est que je connais déjà le procédé et je serai normalement moins fatiguée que la première fois.

 

Le test de Myers Briggs

 

Selon ce fameux test, je suis une ENFJ : Extravert Intuitive Feeling Judging. Ce sigle est aussi remplacé par le profil du protagoniste ou de l’enseignant suivant les versions.

Je trouve la description assez précise et proche de la réalité. Quelqu’un qui a un intérêt dans l’aide au développement et à la croissance d’autrui.

 

Espace Mieux Être Canada

 

J’ai contacté la hot line de Espace Mieux Être Canada parce que j’étais en train de craquer et je ne peux que les recommander. J’ai hésité pendant un long moment : appeler ou ne pas appeler ? Est-ce que je me sens si mal que ça ? Est-ce que je ne prends pas la place de quelqu’un qui a l’intention de mettre fin à ses jours ? 

 

En France et dans d’autres pays, parler de sa santé mentale est encore tabou et on a tendance à stigmatiser ceux qui ne le cachent pas. Il faut être un bon petit soldat, ne jamais avoir de failles mais en même temps, ne pas être trop heureux car sourire dans la rue pour rien, juste parce qu’on est content, est extrêmement suspicieux. Mais pourquoi devriions-nous tout le temps marcher droit, ne jamais avoir un moment de faiblesse, ne jamais être assailli par la dépression et se cacher pour mourir comme les oiseaux ? J’ai longtemps fait ça, aller me cacher pour aller mourir dans mon coin. Ça a souvent été un échec cuisant.

 

Si j’étais un employeur et que je savais que l’un de mes employés souffre de troubles mentaux (mon interlocutrice m’a bien expliqué la connotation que cet adjectif a, ici, au Canada, différent de la France où c’est un terme péjoratif), d’une part, je prendrais vraiment soin de cette personne et deuxièmement, je saluerai ses efforts car cette démarche montre que cette personne a de la résilience et est capable de surmonter des obstacles.

 

Faire un travail pour se connaître et plus on se connaît plus on devient conscient de ses faiblesses et de ses forces. A une époque, je faisais des crises d’angoisse. C’était tellement intense que j’avais très peur de me trouver près d’une fenêtre. J’étais sous médication. Un jour, j’ai décidé d’être plus forte que la crise, plus forte que les médicaments. Je m’étais répétée dans ma tête : « Je contrôle la situation, je me contrôle. Je vais y arriver, je vais me calmer. » Et ça a marché. Je suis devenue plus forte ce jour-là. Je n’ai jamais refait de crise jusqu’à présent. Peut-être que j’en referais une un jour, je ne sais pas quelles sont les garanties. Mais je sais que j’ai réussi à me maîtriser une première fois, que je possède cette force de dire stop.

 

J’ai parlé à des amis et fréquenté des personnes positives interviewé Yamoussa Bangoura, le fondateur et directeur artistique de la troupe Kalanbanté. C’est un homme très sage et très inspirant. Un bon conseil : entourez-vous de personnes positives.

 

Depuis, j’ai bien rebondi et je vais reprendre un vieux projet avec plein de surprises dont je ne peux pas parler pour l’instant. Après tout, j’ai toutes les compétences pour faire ce que je désire donc autant se lancer !

 

Le kaïros

 

Au détour d’une lecture (« Le château » de Mathieu Sapin), j’ai découvert le concept de kaïros. Ce terme désigne « un petit dieu ailé de l’opportunité, qu’il faut attraper lorsqu’il passe (saisir une opportunité) » selon Wikipédia. 

 

C’est drôle car cet article Wikipédia parle aussi de la synchronicité chez Jung et c’est quelque chose qui m’a beaucoup intrigué lorsque je préparais mon mémoire pour mon Master 2 Français Langue Étrangère. Mon thème de mémoire était « Développer la compétence orale dans une formation hybride ». J’avais évoqué cette piste mais mon tuteur m’a, à juste titre, dissuadé de prendre cette voie car trop éloignée de la linguistique.

 

Sait-on jamais qu’il passe dans le coin et que je puisse le saisir !

 

Le phoenix

 

Mais parfois, il faut aussi créer sa chance. Récemment, après le coup de mou et l’appel à la hotline de soutien psychologique, j’ai décidé de prendre soin de moi. J’étais tellement centrée sur l’extérieur, sur le fait qu’on me donne une chance, que je me suis totalement laissée tomber.

Il a fallu que mon moral connaisse une chute vertigineuse, une sorte de mue pour que je puisse créer une nouvelle version de moi-même. J’avais tellement de pensées négatives, mon estime de moi était au plus bas. Il a fallu que je sèche, que je me craquèle, que je brûle pour pouvoir renaître.

 

Maintenant plus ancrée, physiquement et psychologiquement, je vais peut-être et même sans doute commencer une aventure très puissante : mon aventure. Encore une fois, je suis assez mystérieuse mais je ne peux pas révéler mes projets mais je suis heureuse et pleine d’espoir.

 

À nouveau la scène

 

Je reprends le chemin de la scène en compagnie de Magda Ochoa dans le cadre du projet « De la plume à la scène » avec La Boussole. J’en suis bien contente car les projets de scène et d’arts vivants en cette période peuvent être incertains.

 

Pour cette performance, je serai comédienne mais aussi musicienne ! Je n’ai pas refait de scène avec ma guitare depuis des années, la dernière fois étant en Malaisie.

 

J’aurai un rôle qui me colle à la peau mais je ne veux pas trop en dévoiler pour l’instant, il faut quelques surprises pour ceux qui viendront assister à la représentation du 31 mars ! Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai un rôle sur-mesure...