Nouveau chapitre

L’écriture de cet article a débuté en mars 2021.

 

La canicule et autres désastres

 

La canicule au Canada, à Vancouver, à Lytton, fait les gros titres à l’international et mes amis, dispersés sur le globe, me demandent si je survis à cet épisode. Ayant vécu à Adélaïde en 2013 et ayant vécu dans la région la plus chaude au monde à ce moment-là, je ne m’attendais pas à vivre ma seconde exposition à un record du monde de chaleur au Canada.

 

J’ai eu la chance de pouvoir rester dans mon basement. A moitié enterré, il bénéficie d’une température constante, comme une cave à vin. Vu que les fenêtres sont semblables à des meurtrières à l’horizontale, l’explosion de lumière qui brûlait tout ce qui bougeait dehors a été tempérée.

 

C’est terrible ce qui s’est passé à Lytton. Non seulement, la bourgade a connu quasiment 50°C mais elle a été totalement ravagée par les feux de forêt. Le nombre de morts subites dues à la chaleur est en constante augmentation, près de 700 aux dernières nouvelles. Les victimes sont surtout des personnes âgées. C’est quelque chose qui me choque profondément. Comment peut-on avoir vécu comme tout le monde, avoir travaillé, avoir eu des enfants, avoir participé à la construction de la société et se retrouver à mourir seul de chaleur ? À Paris, en 2004, ce scénario m’avait tellement choqué que j’ai travaillé pendant l’été comme aide à domicile pour les personnes âgées. C’est un sacré boulot, il faut être blindé psychologiquement mais je ne regrette pour rien au monde de l’avoir fait. Malheureusement, j’ai moins le temps actuellement mais j’aimerais bien pouvoir apporter ma pierre à l’édifice plus tard.

 

L’autre désastre qui sévit en Colombie-Britannique, ce sont les nouvelles découvertes de tombes d’enfants autochtones. C’est un terrible traumatisme pour la communauté et pour tous les Canadiens. De nombreuses églises sont, au mieux recouvertes d’inscriptions en orange (la couleur commémorative de ces découvertes) et/ou en rouge, au pire brûlées. Les experts craignent que cette vague vengeresse ne déferle sur les États-Unis.

 

La piscine

 

Je ne vois rien à la piscine. Ça ne m’a pas empêché de faire des compétitions enfant. Mais je  ne supportais pas la pression. Ma terrible myopie m’empêche également de voir sous l’eau. Mais je glisse dans l’onde, le seul endroit où je me sens bien.

 

Un jour, j’ai eu une séance plus tard, à 8h15. J’ai eu la chance de voir un rayon de soleil dans ma ligne. C’était très beau.

 

J’y vais en moyenne deux fois par semaine. J’aimerais pousser à trois fois mais mon emploi du temps ne me le permet pas pour l’instant. Du coup, j’ai forcé les choses, je continue avec des séances entre 6h30 et 7h.

 

Tout le monde s’émeut de l’heure à laquelle je pars nager. J’avais changé ce créneau horaire pour que cela n’affecte pas mon travail. Puis j’ai pris l’habitude. Il y a une quiétude extraordinaire le matin. Le privilège de voir les premiers rayons du soleil, d’entendre les oiseaux se réveiller.

 

A force d’aller au même créneau, on croise des habitués, avant de devenir soi-même habitué (probablement). Je considère donc ces personnes comme des « amis secrets ». Nous ne parlons pas mais nous nous cédons le passage dans la ligne d’eau, en un sens, nous veillons les uns sur les autres. Du moins, c’est ce que j’imagine. Une communauté silencieuse, unie par l’amour de l’eau.

 

Les cerisiers et la lumière du printemps

 

Pour moi, il y a clairement eu plus de lumière d’un coup. J’ai senti le changement dès le mois de mars où j’ai eu l’impression que le jour s’était levé d’un coup et que tout le monde était sorti d’un coup.

 

Vu que je vis dans un basement et que je travaille dans des salles sans fenêtres, je ne suis plus du tout habituée à la lumière et même au soleil. Au début, il m’a même donné mal à la tête et j’ai du faire attention à bien appliquer de la crème solaire.

 

En revanche, je me suis promenée dans les parcs et c’est extraordinaire. J’ai été fascinée par la soixantaine de mousses différentes du jardin japonais Nitobe à l’Université de Colombie-Britannique. C’est un endroit très apaisant, très proche de ce que j’ai vu à Tokyo. Toutes ces mousses étaient comme des centaines de petits mondes.

 

Cet intérêt pour les mousses n’est sans doute pas totalement fortuit : elles poussent sur peu et survivent en captant des éléments microscopiques, presque intangibles. Est-ce que je me transformerais en mousse ?! La devise de la Réunion est « Je fleurirai partout où je serai portée/plantée ».

 

La lecture

 

J’ai craqué : j’ai racheté des livres. Je préfère aller à la bibliothèque mais les horaires sont un peu compliqués pour moi, le délai de deux semaines est toujours trop court et j’ai la flemme de repousser la date. Puis il y a eu un évènement traumatisant pour la communauté locale récemment : une jeune femme d’une vingtaine d’années a été poignardée par un fou devant son enfant aux abords de la bibliothèque de North Vancouver. J’allais à celle du centre-ville mais tout de même, une bibliothèque ! 

 

Enfin, du coup, je lis « Le ventre de Paris » de Balzac.

 

J’ai aussi chiné à l’Alliance française de Vancouver qui faisait son ménage de printemps.

 

J’ai un truc spécial avec le choix de mes lectures... J’ai lu « Le grand secret » de René Barjavel et ça a eu un sacré écho avec la situation actuelle.

 

J’ai aussi lu le terrible « Né d’aucune femme » de Franck Bouysse. Fort heureusement, pas d’écho similaire dans ma vie mais l’auteur vient de Corrèze, une région que j’ai beaucoup à coeur pour m’y être rendue pendant des années et dans laquelle j’ai de très beaux souvenirs.

 

Je suis en train de terminer « La tête de l’emploi » de David Foenkinos.

 

Je me rends à nouveau à la bibliothèque publique de Vancouver et ça me fait beaucoup de bien de pouvoir à nouveau voir des livres « en personne ».

 

Je repense à mon enfance dans les bibliothèques publiques, un amour insufflé par ma mère.

 

Septembre 2021

 

Le planétarium

 

Nous sommes allés au planétarium et j’ai eu la grande surprise de voir un documentaire assez poussé sur la structure de l’oeil (sponsorisé par Zeiss donc évidemment). J’étais assez inconfortable face à ces découpes du globe oculaire, me rappelant les nombreuses explications de ma rétinopathie. J’ai surtout été touchée par un proverbe que j’avais déjà entendu auparavant mais qui a véritablement résonné à ce moment : « La rétine est aussi surnommée le miroir de l’âme. » Qu’en était-il de mon âme alors ? En effet, en regardant en arrière, elle était un peu en train de se déchirer, de s’effondrer. Le traitement était un peu traumatisant mais salvateur. A ce moment de ma vie, j’ai pris des années à me reconstruire après des évènements très difficiles. C’est fou ce que nos pathologies disent à propos de notre santé mentale !

 

Après avoir laissé décanter ce documentaire sur l’oeil quelques heures, cette histoire de photons voyageant à travers l’univers m’a beaucoup fait réfléchir. Initialement, ce documentaire intitulé « Seeing! » (très parlant dans mon cas) suit la création et le parcours d’un photon à l’autre bout de l’univers jusqu’à ce qu’il arrive au cerveau d’une jeune fille sur Terre. D’une part, ce documentaire donne à ces photons un rôle très actif auquel je n’avais pas vraiment songé. Tout émet et reçoit : les personnes, les pierres, les sentiments ? D’autre part, j’ai aimé dans la narration l’humilité restituée en disant qu’ils avaient voyagé, donc un fragment de galaxie, jusqu’à nous et cela devrait éveiller notre gratitude. J’ai aussi pensé à ces milliards (bien plus mais je ne suis pas scientifique et je n’ai pas le vocabulaire approprié pour parler du nombre infiniment grand à utiliser ici) échanges d’énergie et d’information réalisés partout et tout le temps. Ca me fait penser au symbole de l’infini. L’autre chose qui m’a fait réfléchir est l’iris : lorsque l’âme quitte le corps physique, la fameuse lumière au bout du tunnel que nous voyons ne serait-elle pas « simplement » ce qui existe au-delà de l’iris ? L’iris étant le tunnel...

 

Octobre 2021

 

Ma pause professionnelle a des bénéfices que je n’aurais jamais osé imaginer. J’ai tout d’abord pris soin de moi en affrontant de grandes peurs.

 

L’écriture

 

L’écriture est clairement mon Mont Everest. Je n’ai jamais osé me lancer dans cette aventure de façon officielle. Bien sûr, j’écris ce blog mais ce n’est pas pareil. J’ai démarré un atelier d’écriture avec l’Alliance de la francophonie des femmes canadiennes en septembre et c’est extraordinaire. J’ai senti beaucoup de soutien des organisatrices et un beau partage avec les autres participantes. Les ateliers m’ont beaucoup apporté et je suis maintenant dans la phase de rédaction, avant remise du manuscrit en décembre.

 

Je reprends l’écriture de mon blog, que j’avais délaissé faute de temps mais c’est comme si un engrenage s’était mis en route. J’ai été contactée pour mener un atelier d’écriture à mon tour ! C’est drôle la vie...

 

Je suis également en train d’écrire une mini-série de podcasts sur l’intangibilité mais le projet en est encore à ses débuts. Je l’imagine bilingue, peut-être avec une touche pédagogique car j’aime transmettre mon amour de la langue française.

 

L’opération

 

J’ai aussi fait une opération pour corriger ma myopie. Ma période de convalescence était très intense. J’ai documenté cette très grande étape de ma vie. Je suis dans le processus d’écriture et je ne sais pas encore ce que je vais en faire mais je souhaite partager cette expérience avec autrui. Clairement, c’est un travail sur la gratitude, devenu colonne vertébrale de ma vie, notamment professionnelle.

 

Je m’intéresse de très près à l’Institut National Canadien pour les Aveugles. J’ai recontacté le comité de l’association Valentin Haüy, que j’avais déjà contacté en 2016. Ils cherchaient des donneurs de voix, une annonce entendue à la radio. Je souhaitais m’engager mais mes nombreux voyages n’offraient pas les meilleures conditions pour l’enregistrement des livres audio. Maintenant que je suis enfin plus stable, je suis en train d’enregistrer un test.

 

Les opportunités

 

Je collabore sur des projets comme « Les Éloquentes », un projet de théâtre-forum de Réseau Femmes. Je découvre les principes du Théâtre invisible et du théâtre de l’opprimé d’Augusto Boal avec la réalisatrice Nathalie Lopez-Gutierrez.

 

Je continue ma collaboration avec La Source et cela fera bientôt deux ans que je suis dans cette belle aventure avec le journal communautaire vancouvérois.