L'attente et autres occupations

Le moral est un peu en berne parfois et je pense que c’est le manque de lumière qui m’affecte un peu. Je n’ai pas vécu dans un pays saisonnier depuis quelques années maintenant. J’ai découvert que Vancouver est quasiment à la même latitude que Paris et pourtant, je trouve qu’il y a moins de lumière… Il faut dire que je vis dans un basement, à moitié sous terre.

 

L’attente

 

Une fois de plus, moi la nomade internationale, je dois faire face aux délais administratifs. Je dis nomade internationale en faisant référence à mon expérience en Australie. Trouver la bonne information a mis un peu de temps. Ce n’est pas le premier site d’immigration que je détaille mais ils sont tout de même un peu différents. Mais suite à des réunions d’informations, des partages avec d’autres francophones, je pense avoir trouvé des issues. Je suis actuellement dans un processus de reconnaissance de mon diplôme (pas mes diplômes au vu du coût) ; mon école a envoyé les documents et l’organisme concerné doit les vérifier. Attente annoncée : 20 semaines au maximum ! Bon, avec un peu de chance, ça devrait prendre moins de temps.

 

Il me faudra ensuite soumettre une demande d’Entrée Express, qui devrait même environ 3 à 4 mois… La patience, reine des vertus !

 

Les vêtements

 

Il ne fait si froid que ça à Vancouver. Nous sommes loin des températures négatives et des mètres de neige de l’intérieur du pays. Mais je réactive de vieux réflexes, acquis à Paris, concernant les couches vestimentaires. Je pense que je souffrais moins de ce détail en Australie et en Nouvelle-Zélande, malgré des températures similaires. Mais le froid y était peut-être plus sec…

 

Concernant ces fameuses couches, je voudrais partager cette astuce qui m’a été transmise car parmi mes lecteurs, je sais qu’il y a quelques ultramarins ou personnes vivant près de l’équateur peu habituées à ce type de climat. Je suis tombée, comme beaucoup d’autres, dans le piège de « l’oignon ». Oui, il faut superposer les couches vestimentaires mais pas n’importe lesquelles et pas n’importe comment. Le plus important, c’est la toute première couche. Un jour, une dame (que j’estime beaucoup) m’a donné le conseil suivant : « Porte de la soie si tu le peux ». En effet, la soie n’est pas accessible à tous mais pas besoin d’avoir des mètres sur soi (de soie). Aujourd’hui, on trouve aussi des vêtements « thermiques » qui peuvent tout aussi bien faire l’affaire. Puis, on peut s’habiller « normalement ».

 

Je tiens à faire cette remarque sur les températures suite à des observations très intéressantes. J’étais déjà intriguée par les Australiens capables de mettre des tongs en plein hiver austral mais les Canadiens sont une catégorie au-dessus et forcent l’admiration. J’ai croisé des personnes en short, en débardeur, en tshirt et même un homme torse nu (mais celui-ci devait avoir pris trop d’anti-gel car il surprenait même les Canadiens). Pas de marques rouges, habituelles morsures du froid sur leurs peaux…

 

Les habitudes

 

J’essaie de garder mes bonnes habitudes alimentaires et de vie. Partisane de l’anti-gaspillage, je m’informe sur les pratiques de recyclage (toujours pas facile de comprendre les subtilités du triage du plastique à Vancouver mais il y a de l’espoir car il existe un jeu, j’adore cette approche ludique !), je m’essaie au Farmers Market (une pratique que j’avais à Adélaïde) et je cherche les alternatives à la grande distribution (si possible bio mais ça reste cher, comme partout). Je me suis donc rendue sur Main Street, l’une des avenues branchées (bobo comme on dirait en France) et j’ai poussé les portes d’une boutique faisant de la vente en gros. Evidemment, j’étais sous le charme car je craignais d’avoir peu, sinon pas, d’alternatives au supermarché, aux contenants en plastique à usage unique (que je ré-emploie au maximum). Cependant, le charme s’est rompu face à une attitude très fermée, presqu’hautaine du personnel. J’avais l’impression de rentrer dans une boutique très confidentielle dont je ne connaissais pas les codes et qu’il fallait quasiment être co-optée pour pouvoir prétendre fouler le sol de cette enseigne. Je ne suis pas revancharde, ou plutôt trop attachée à mes convictions quant il s’agit de trouver des alternatives et j’y reviendrais mais si je sens le même frisson me parcourir l’échine, je changerais de crèmerie… Pour moi, cette attitude va tellement à l’encontre de ce qui devrait être un partage autour du respect, respect de la planète. Mais il est vrai que rien n’interdit à de fervents écologistes d’être racistes ou nazis.

 

J’essaie de faire du sport mais difficile pour moi de revenir à la piscine chlorée « froide » après avoir eu l’océan, de craindre un footing où la bronchite pourrait vite m’étreindre après avoir eu les équipements, la liberté de courir à l’air libre et de se résoudre finalement, à courir en salle. Cependant, je dois nuancer ce tableau sombre. Je marche. Certes, c’est urbain, c’est autour d’un golf mais les écureuils autant surpris que moi égayent cette promenade que je fais parfois. Encore une fois, je dois être patiente et attendre le retour des beaux jours pour envisager _enfin_ une randonnée.

 

Le don

 

J’ai toujours essayé de donner de mon temps pour des causes qui me tiennent à cœur. J’ai une liste d’actions que j’aimerais effectuer en tant que bénévole. Mais je me retrouve parfois prise dans mille projets en raison de ma profusion d’idées (et honnêtement, d’aventures et de rencontres : la vie n’est pas une ligne droite). Néanmoins, je repensais à mes expériences en tant que bénévole ; aux Seychelles, en Australie, en France

Ne pouvant pas encore travailler et me sentant très fortunée, j’ai eu l’occasion d’être bénévole pour deux institutions depuis que je suis arrivée. J’ai été bénévole à la Chambre de Commerce Francophone de Vancouver ; j’ai donné un coup de main pour mettre en place la restauration légère et j’ai eu l’occasion de rencontrer quelques membres de la chambre très sympathiques. Il faut dire que je n’ai pas rencontré de personnes foncièrement désagréables pour l’instant.

 

J’ai aussi été bénévole pour OpenTable, un repas pour les plus nécessiteux. C’était une bonne expérience, j’avais toujours voulu essayer. Je me souviens de l’ami d’un ami, travaillant pour une entreprise parisienne, me parler de son expérience à la soupe populaire pendant des années et je trouvais cela tellement beau… En servant cette soupe puis ces assiettes de curry de bœuf, je m’interrogeais sur mes motivations et ma réponse, en mon for intérieur, a été que je me sens très aimée et que je voulais transmettre cet amour à ceux qui en ont un peu moins par quelque chose de très concret, à manger. Pour l’instant, j’ai participé à trois de ces évènements, l’une régulière, hebdomadaire et l’autre, pour célébrer Noël. Pour Noël, c’était très beau ; il y a eu une petite représentation avec des musiciens, de l’ambiance, de bons mets et surtout beaucoup d’affection. Le concept de l’OpenTable est de partager avec des personnes dans le besoin, de la nourriture mais plus, une conversation.

 

Je me questionnais sur la viabilité du bénévolat pour la société en Australie car il me semblait utilisé à tout va. Ici aussi, il semble être le sésame, quitte à finir sur le carreau après de nombreuses années de loyaux services. Car il est aussi difficile pour le bénévole que pour les services qui le sollicitent de tenir sur la longueur.

 

Enfin, comme pour beaucoup de choses, tout dépend de l’intention qu’on met dans nos actions.

 

Ca me rappelle tout le mouvement autour des stages en France. Je n’ai jamais été payé pour mes stages (si, une fois, quelques centimes par un magazine spécialisé dans le rock). Certains ont joué avec les lois, refusant de prendre au-delà de la période où il fallait m’indemniser… Au total, j’aurais du être payée mais bon.

 

L’ouverture

 

Le premier semestre de ma seconde année de Master s’est enfin achevé et ça n’a pas été une petite balade paisible. La charge de travail était importante et la coordination (et l’intensité des échanges) avec des collègues à la Réunion, en Serbie et au Japon m’a quelque peu « zombifiée » pendant quelques semaines, qui m’ont paru être des mois. Il est arrivé que je ne sorte pas physiquement de la maison pendant quelques jours.

 

Mais je ne regrette pas un instant car j’ai voyagé intellectuellement, découvert de vrais trésors et eu des échanges de très grandes qualités (professionnels et personnels) avec mes collègues. J’étais tellement heureuse de lire sur l’intercompréhension, la francophonie (dont je vois une application ici, au Canada). J’étais un peu déçue par certaines notes mais ça ne tient qu’à mon exigence envers moi-même… Mais j’ai tout de même validé mon semestre, ce qui est une très bonne nouvelle.

 

J’ai eu grand plaisir à faire un travail sur l’intercompréhension avec une collègue avec laquelle nous partageons un point de vue ; l’intégration du handicap dans l’apprentissage. L’intercompréhension concerne cette approche favorisant l’exposition à plusieurs langues pour en dégager des compétences métalinguistiques (la capacité de comprendre la structure d’une langue). En résumé, comprendre une autre langue étrangère par le biais de toutes. Ce sujet était déjà fascinant en lui-même. Mais nous avions choisi de nous appuyer sur une fiche, choisie plus ou moins au hasard, sensibilisant à l’apprentissage d’une langue étrangère par le biais d’une autre forme de langage, le braille. Nous avions également jeté un coup d’œil sur une autre fiche évoquant la langue des signes.

 

Réconfort littéraire

 

Alors que j’avais le moral un peu en berne récemment, je me suis replongée dans les livres à la médiathèque de l’Alliance française et j’ai emprunté un livre que ma mère lisait, « Le mystère Henri Pick » de David Foenkinos. Lectrice avide de bandes dessinées (et de graphic novels comme disent les anglo-saxons), je me suis penchée sur «  La différence invisible », intriguée par ce titre, à propos du syndrome Asperger.  J’ai aussi emprunté « Demain la Francophonie » de Dominique Wolton, plus en lien avec mon master mais aussi par curiosité.

 

Je suis aussi allée à la Vancouver Public Library en ville et j’en suis totalement tombée amoureuse. Le bâtiment est immense et très agréable. Il y a même un studio d’enregistrement (vidéo et audio), des ordinateurs pour le montage. J’y ai emprunté quelques ouvrages dont « C’est le cœur qui lâche en dernier » de Margaret Atwood, que j’ai dévoré assez rapidement. Eh oui, il faut bien que je m’initie à la littérature canadienne et j’ai décidé de commencer par l’un de ses plus grands noms, l’auteure de la Servante écarlate (que je n’ai pas encore vu car le tapage médiatique m’avait étouffée).

 

J’aime tellement les mots. J’adore jouer au Scrabble. En postant une demande sur un groupe Facebook, j’ai vu qu’il y avait un engouement et je pense organiser une petite rencontre à mon retour en février.

 

 

Je vais aussi reprendre du service en tant que journaliste et j’avoue que l’idée de reprendre la plume m’enchante beaucoup. Je vais collaborer au journal bilingue « La Source ». Vous pourrez lire mes premiers articles dans l’édition de janvier 2020 !