C’est qu’on colle à la carte postale. L’île est magnifique, les gens très gentils. Seul le temps n’est pas de la partie. C’est la saison des pluies et le temps me fait penser à celui d’une jungle. Les brumes s’accrochent aux montagnes et des rideaux de pluie se tirent de temps en temps. La chaleur est écrasante et on a l’impression que ça ne sert plus à rien de prendre des douches.
Plaisir et admiration
C’est une grande opportunité pour moi et de façon générale d’enseigner dans une école internationale. Moi qui rêvais de parler à nouveau anglais, je suis gâtée car c’est la langue d’enseignement. C’est une démarche assez originale mais qui, finalement, épouse tout à fait mon parcours. J’aime utiliser mes différences compétences en même temps. Parler deux langues en rapide alternance et essayer d’expliquer l’une avec l’autre requiert une très grande concentration. Je tire mon chapeau bas à ces enseignantes car elles sont trilingues (anglais, français et créol seychellois) et surtout, essaient de trouver le meilleur moyen de faire avec des niveaux très différents (du grand débutant à l’apprenant bilingue).
Les créols
Le créol seychellois est, de prime abord, assez proche du créol mauricien mais bien éloigné du créol réunionnais. J’ai la chance d’avoir été exposée au créol mauricien par mon père et d’avoir « baigné » dans le créol réunionnais. Mais surtout, j’ai eu la chance de pratiquer mon anglais. Alors que le créol réunionnais a une base française très importante et quelques mots malgaches, les créols mauriciens et seychellois « créolisent » et même « francisent » des mots anglais. Donc, je peux plus au moins deviner de quoi il s’agit mais là encore, rien n’est acquis car la prononciation laisse des mots totalement sibyllins à mon oreille franco-réunionnon-maurico-untoutpetitpeuanglaise.
L’enseignement, investissement humain capital
L’enseignement constitue pour moi une nouvelle aventure. En France, j’avoue qu’il me semble assez lourd, tant en qu’élève qu’en tant que potentielle enseignante. Mais ces contextes particuliers (enseigner le français dans une autre langue) me fascinent et m’attirent énormément.
C’est dommage pour l’éducation française car elle a été d’une très grande qualité, très riche mais hélas, aujourd’hui, beaucoup de choses sont défaites alors qu’elles donnaient de sacrées bases dans la vie, même si on ne pouvait pas toujours saisir le sens de certains exercices et même de certaines matières.
Mes voyages (Australie, Madagascar et maintenant, les Seychelles) m’ont amenés à une vraie réflexion pour l’éducation comme épine dorsale d’une société. Je sais que certains liront ces lignes et penseront que c’est évident mais j’avoue que j’ai pris plus de temps à percevoir cette urgence absolue d’investir dans l’éducation et surtout à m’impliquer personnellement. L’éducation, c’est l’agriculture de l’humain. On plante des graines et on espère que la récolte sera bonne. Bien sûr, il faut faire avec les intempéries mais on essaie.
Formule 1…en bus
Je prends le bus tous les jours pour me rendre à l’Ecole internationale. Je m’arrête au terminus en ville et je continue à pied car j’aime marcher. Surtout le matin. La lumière du matin est pour moi, la plus belle. Elle est précieuse et rend tout ce qu’elle touche très beau.
Ca secoue pas mal dans le bus et il faut s’accrocher dans les virages. Peut-être que les conducteurs de bus adulent Fast and Furious…
Les bonnes habitudes
J’ai gardé mes bonnes habitudes et je me suis inscrite à la bibliothèque de l’Alliance française des Seychelles. J’ai pris « Coco sec » d’Antoine Abel, un auteur seychellois. J’ai également pris « Le chercheur d’or » de J.M.G. Le Clézio. J’aime beaucoup cet auteur, qui a une façon unique et très onirique de parler de l’île Maurice. Et enfin, moi qui aime beaucoup les bulles également, j’ai pris « Lulu Femme Nue » d’Etienne Davodeau, édité chez Futuropolis (nous partageons les mêmes goûts).
Si près et si loin
J’habite à Anse Etoile, un nom très poétique. C’est un endroit très calme et dont le panorama est très vert et bucolique. Etrangement, il y a quelque chose qui me fait penser aux Antilles ici. J’avais fait un court séjour en Guadeloupe et il y a quelque chose de caribéen dans la nature et même dans les personnes.
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