Sur le retour
Ca y est, notre décision est finalement prise. Nous rentrons à la Réunion.
Après trois semaines de mille réflexions, tentatives de se dire que « ça passera », cauchemars horribles où je voyais mon compagnon mourir, nous avons choisi la « moins pire » des options.
Il reste que sortir deux fois dans la journée nous paraît gravir l’Everest, tant à cause de la fatigue physique qu’à cause de la peur de passer par le chemin en bas de chez nous.
Nous sommes tiraillés entre le regret de laisser nos missions et nos amis ici et le soulagement de rentrer « à la maison ». Je mets « à la maison » entre guillemets car mon compagnon a des racines en métropole et je me sens des racines entre l’Australie et le Pacifique. Reste que cette situation me peine ; la « moins pire ».
Coquille
Nous sortons peu, restons dans notre coquille. Evidemment, nous culpabilisons tous deux de laisser nos missions en suspens, les chantiers en plan. Mais l’idée de sortir seul(e), sans l’un l’autre, nous angoisse carrément.
Nous comptons tous deux consulter un psy pour pouvoir dépasser nos craintes des foules, des bandes de jeunes, qui, nous l’espérons, ne s’étendra pas trop.
Le bonheur du partage
En prévision de notre départ, nous avons passé un moment avec des amis malgaches ce weekend et c’était un vrai baume au cœur. Bien que je sois vraiment très triste de quitter mes amis, nous avons passé un moment plein de gaieté et de partage (j’en ai encore appris sur la culture malgache). Je pense que les souvenirs sont tout ce qu’il nous reste à la fin et mes amis me font un immense cadeau de passer du temps avec moi, de la plus petite promenade à la soirée à la maison, n’importe où, dans n’importe quelles conditions, juste passer du temps ensemble.
Bien sûr que la tristesse m’étreint, que je vais pleurer comme une madeleine à l’aéroport de savoir que je ne les reverrai pas avant un moment mais la joie d’avoir eu la chance de les connaître et de faire un tout petit bout de chemin avec eux est plus grande et je préfère garder cette saveur là en bouche.
Des différents échos que j’ai autour de moi (coopérants et autres, étrangers au sens large du terme), il n’est apparemment pas si facile de se lier d’amitié ici. Certains s’isolent à cause du racisme, d’autres vivent dans un monde irréel de vazahas. J’apprécie donc encore plus ma rencontre avec mes amis.
Ils nous ont fait le plaisir de jouer de la musique traditionnelle et de chanter ensemble. C’était magnifique et puissant ! On sentait un lien familial et culturel très fort dans ces harmonies délicates. On nous a expliqué le sens des paroles ; tristes, elles reflètent une réalité dure.
Examen en perspective
L’examen final du DAEFLE (Diplôme d’Aptitude à l’Enseignement du Français Langue Etrangère) se rapproche à grands pas. Le 7 décembre n’est que dans quelques semaines et j’ai un mal fou à me concentrer sur mes révisions. J’espère vraiment pouvoir me reposer et me consacrer mes révisions à la Réunion.
Mémoire
Dimanche a été un jour de recueillement. Il y a un an, Lola, 17 ans, tombait sous les balles des terroristes au Bataclan à Paris. La mort de la fille de mon ami m’a profondément ébranlée et je pense et continue de rêver d’elle. Elle était tellement belle et nous avions tellement de choses à partager.
Ma visite sur sa tombe demeure toujours pour moi quelque chose de tellement irréaliste. Je refuse de croire à ce cauchemar.
Soutien
Merci à tous de me lire, je vois votre nombre grandir. Merci pour les commentaires, les emails et les messages privés. Votre soutien me touche beaucoup et me réchauffe le cœur dans ces moments très troublés.
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