Sa place

C’est actuellement la période des cérémonies de circoncision.

 

Nous l’avons appris grâce au son lointain des fanfares. Depuis la fenêtre, nous avons vu une foule guidée par un homme tenant une canne à sucre et une bouteille de rhum.

 

 

 

Les bassines sanglantes

 

 

 

Il y a certaines images qui restent imprimées sur la rétine, comme la lumière dans l’obscurité. Beaucoup de petites échoppes se succèdent après le pont qui passe au-dessus de la rivière Ikopa. On peut voir de gros sacs de riz et autres céréales et grains, des légumes, des œufs mais aussi des bassines de viande.

 

Au début, cette vision était particulièrement crue pour mes yeux de privilégiée par leur abondance. Des tas de bassines, des tas de morceaux de viande entassés dans ces bassines. Non couvertes, parfois presque à même le sol. Et ce gros hachoir qui tombe sur ce nerf un peu coriace.

 

Mais au fond, avec du recul et après le choc visuel, je me dis que c’est une hypocrisie bien occidentale. Car les mêmes choses sont visibles en France, Australie ou autre pays florissant. C’est simplement qu’elles ne sont pas aussi accessibles. Bien sûr, l’hygiène n’est pas la même mais c’est surtout la vision qui est perturbante. Bon, il y a bien l’odeur de cru mais je m’arrête là car je crains de perdre quelques lecteurs dans cette description.

 

Ceci dit, quelques groupes tentent de montrer au grand public les conditions d’abattage déplorable des animaux en France et ailleurs et le public commence à avoir accès à cette vérité.

 

Des bassines de viande mais aussi d’abats. C’est moins difficile pour moi car j’ai dû détailler un demi-agneau (entre autres) et cuisiner des abats pendant mes études de cuisine en Australie. Puis les abats ne m’ont jamais vraiment dégoûté. L’odeur des rognons est un peu forte mais c’est tout.

 

 

 

Les entrailles de Tana

 

 

 

Je passe deux tunnels le matin. Nous avons passé l’un d’entre eux les premiers jours de notre arrivée, lorsque nous logions en ville. Il était redouté par les autres coopérants pour son insécurité, sa pollution et sa misère. Il m’avait fait l’effet d’un boyau.

 

Tananarive pourrait être une entité organique avec des constrictions et digestions de circulation, des crachats de sucs divers et variés, une pression artérielle de population.

 

 

 

Artisanat

 

 

 

Nous avons fait un tour au marché artisanal de la Digue, au nord de la ville. Il y avait de beaux articles mais comme dans tous les endroits touristiques, je n’aime pas les accroches trop pressantes. Et encore, les vendeurs étaient gentils et polis. Lors de mon séjour au Mexique, dans le Yucatan, les techniques commerciales étaient plus agressives.

 

Nous voulions simplement jeter un œil. Seule une petite boîte de dominos m’aurait intéressé. N’ayant pas la télé et la radio de façon limitée, nous aimerions bien avoir des jeux de société. Nous jouions pas mal au Scrabble à une époque et nous aimerions en faire faire un en bois (ou en récup’) ici. Les malgaches ont une bonne réputation concernant l’artisanat (sculpture, instruments de musique, broderie, etc).

 

 

 

Le pouls de la jeunesse

 

 

 

Je glane de plus en plus de mots et petites phrases malgaches. Je suis très fière de pouvoir enfin dire que je descends au receveur du bus (« Misy miala »). En revanche, je ne suis capable que de déduire ce qu’il se passe. Cette semaine, un receveur a essayé de ne pas me rendre la monnaie sur mon trajet. Il riait beaucoup, parlait beaucoup mais avant de descendre, je lui ai dit qu’il devait me rendre la monnaie. Il s’était alors platement excusé.

 

Ma collègue du Centre de Presse Malagasy m’avait prévenu sur ces receveurs qui ne font exprès de ne pas rendre la monnaie ou qui prétendent ne pas en avoir. Elle m’a dit que je parlerai couramment malgache d’ici la fin de mon contrat en avril 2017, ce serait pour moi un très grand accomplissement !

 

J’ai eu la grande chance d’échanger avec des étudiantes malgaches sur le pays, la jeunesse malgache et leurs aspirations. J’ai été éblouie par leur force ; elles veulent entreprendre des choses et surtout, elles font du bénévolat. Faire du bénévolat à Madagascar, alors que beaucoup peuvent avoir plusieurs boulots, c’est plus qu’admirable…

 

 

 

Ambiance au bureau

 

 

 

J’ai eu un accueil très chaleureux au Centre de Presse Malagasy. Les membres du Conseil d’administration, tous des journalistes, prennent le temps de venir me rencontrer et j’apprécie beaucoup ce geste, connaissant bien les contraintes du métier et la disponibilité limitée des professionnels.

 

Beaucoup de chantiers intéressants m’attendent, peut-être même le défi de la formation. Je trouve tout cela très exaltant !

 

 

 

Retour urbain

 

 

 

Je vais devoir venir vivre en ville. J’ai pensé à différentes options de transport : le vélo, le scooter, la voiture avec chauffeur… Mais finalement, c’est soit trop dangereux soit pas rentable donc il ne reste que l’option de vivre en ville.

 

La pollution est toujours très présente. Il y a quelques traces noires lorsque je me mouche. Comme à Paris. Je compare ces capitales et pourtant, elles différent sur un point essentiel : les malgaches sont bien plus gentils et sourient plus.

 

 

 

Avoir sa place

 

 

 

Je suis partie faire un peu de shopping dans l’espoir de me trouver quelques vêtements. On m’avait dit avant de partir de venir sans vêtements car je pourrais me rhabiller pour pas cher. En effet, les prix défient toute concurrence mais c’était sans compter que je suis vraiment grande pour les malgaches et les chinois (car pour beaucoup, ce sont des vêtements chinois). Du coup, ça a été compliqué de trouver un pantalon avec mes grandes jambes !

 

Je ne rentre pas vraiment dans les cases ici.

 

Il est toujours compliqué pour moi de rentrer dans les taxi be avec mes hanches larges. J’ai même eu des « remontrances » d’une dame dans un taxi be. Bien habillée, la moue boudeuse, cette dame m’a dit quelque chose en malgache qui ne devait pas être très sympathique vu son ton. Probablement quelque chose à propos de mon gabarit.

 

J’espère pouvoir trouver ma place…

 

C’est toujours difficile de trouver sa place, chez soi, lorsque l’on revient de l’étranger et à l’étranger. Parfois, il est d’ailleurs plus facile de la trouver à l’étranger.

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Sarah (lundi, 01 août 2016 11:11)

    Merci Nat de partager ton experience avec nous - c est toujours un plaisir de te lire
    grosses bises de nous 4